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Le travail céramique d'Evelia Macal propose une indécision originelle, oscillant entre abstraction et figuration, entre technologie et expression, entre utilitarisme et ornementation. Est-ce un vase décoratif ou un engin spatial? Un masque ancien ou un insecte exotique? Un engin de guerre postcommuniste ou une corbeille à fruit? Un origami plié avec soin ou la concrétion aléatoire de triangles grossiers? Indécision d'autant plus frappante que ces intuitions premières, induites par les formes et la matière, sont toujours et immédiatement contredites : ce ne sont ni vases, ni navettes, ni masques, ni mimétisme d'autre chose. Et pourtant, il s'agit encore moins d'un travail abstrait ou la forme serait pur produit du savoir-faire, du matériau, ou de l'expression. Il y a quelque chose de plus, une qualité différentielle.
Cette indécision du sens véhiculé se retrouve pleinement dans les contradictions de la mise en œuvre des œuvres d'Evelia. La terre, fortement modifiée par l'adjonction d'une grande quantité de papier, devient autre. Le travail en est métamorphosé : les œuvres sont montées selon un processus qui n'ouvre aucune porte à l'improvisation et implique la mise en place d'un work-flow précis, du travail en maquette à la cuisson finale. Quant à la matière même, il faut presque toucher la pièce pour comprendre qu'il s'agit bien de céramique. Matière et travail sont dénaturés, artificialisés.
C'est peut-être de ceci qu'il s'agit en fin de compte : les œuvres d'Evelia incarnent le caractère indécis de l'art de la céramique. Il oscille entre la très haute technicité de la céramique modifiée des shieldings des navettes spatiales et les explorations plastiques et expressives des artistes contemporains, entre l'artisanat traditionnel de toutes les cultures anciennes, la production ménagère de masse et les blocs de construction des chantiers boueux.
Harold Fallon, 2016
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